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Tout savoir sur l’entraînement en altitude

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En été les stations d’altitudes regorgent de sportifs de divers univers qui souhaitent bénéficier des avantages de l’hypoxie liée à l’altitude. Nous accueillons aujourd’hui un expert, pour répondre à nos questions sur l’entraînement en altitude.

Stéphane, avant de commencer peux-tu rapidement te présenter  ?

Ancien cycliste (10 ans de pratique, 5 ans au niveau national), j’ai débuté mon parcours universitaire en Sciences du Sport à Strasbourg pour obtenir des réponses aux questions que je me posais pour optimiser mes entraînements et mes performances. Après ma maîtrise STAPS, j’ai enchainé avec un DEA en « Physiologie et Biomécanique » à l’Université de Lille 2 (Prof Véronique Billat) puis une thèse au service des Explorations Fonctionnelles Respiratoires et de l’Exercice, à l’Hôpital Civil de Strasbourg (Prof Jean Lonsdorfer). J’ai ensuite travaillé comme chercheur à l’hôpital de la Robertsau de Strasbourg puis au Centre de Médecine du Sport et de la Performance Humaine à l’Université de Brunel, Londres, sous la direction du Prof José Gonzalez-Alonso. Aujourd’hui, je suis maître de conférences à la Faculté des Sciences du Sport de l’Université de Strasbourg. J’y interviens dans les enseignements de sciences de la vie (anatomie, biomécanique, physiologie,…) avec mes collègues Laurence Rasseneur, Yao Kouassi et Fabrice Favret. Côté laboratoire, je mène mes activités de recherche au sein de l’Equipe d’Accueil 3072 dirigée par le Prof Bernard Gény. Mes travaux explorent principalement les réponses cardiovasculaires et musculaires à l’exercice aigu et chronique, notamment en condition d’hypoxie (altitude).

Ces dernières années, beaucoup d’athlètes font des camps d’entraînements en altitude, ce type de préparation est-elle réellement bénéfique et s’applique-t-elle à toutes les disciplines sportives?

De manière générale, nous savons aujourd’hui que les camps d’entraînement où les athlètes séjournent en permanence en altitude ne sont pas idéaux car les possibles effets bénéfiques sont assez vite altérés par les effets négatifs de l’altitude. Depuis la fin des années 1990, d’autres modalités d’utilisation de l’altitude ont été proposées pour améliorer la performance des athlètes dans les disciplines aérobies (endurance) organisées à faible altitude (3000m) et vivre en bas (60ml/min/kg) peuvent espérer améliorer leur VO2max et leur VO2Max. En dessous de cette limite, la consommation d\’oxygène croît avec l\’intensité de l\’effort et la plupart de l\’énergie provient de la filière aérobie. Au-dessus de cette limite, la consommation d\’oxygène reste constante et la puissance supplémentaire est produite par la filière anaérobie lactique. La VMA est principalement utilisée en course à pied pour planifier les charges d\’entraînements. Plusieurs tests pratiques permettent de déterminer la VMA : le Cooper (le plus connu), demi-Cooper, Luc-Léger, Léger-Boucher, Conconi et Léger. »>VMA de quelques % mais surtout leur temps limite à VMA de plus de 30%.

Y-a-t-il des effets négatifs ou préjudiciables ?

Oui bien sûr, l’altitude reste difficile « à dompter » et pour compliquer la tâche des entraîneurs et des chercheurs, tous les athlètes ne réagissent pas de la même manière lorsqu’ils sont exposés à l’altitude. Il faut donc considérer chaque athlète comme un cas particulier et le suivre avec attention. La principale difficulté consiste à trouver une parade à la baisse obligatoire des intensités d’exercice en altitude. Un coureur à pied ayant une VMA à 20km/h au niveau de la mer peut voir cette valeur tomber à 17 ou 18 km/h à 3000m, où il lui sera impossible de conserver les mêmes repères de vitesse pour construire ses séances. Il faut donc savoir gérer la charge d’entraînement afin de conserver suffisamment d’intensité pour ne pas sous-entraîner les athlètes tout en évitant de tomber dans le surentraînement. Nous sommes confrontés au même problème avec les repères de FC qui sont modifiés eux-aussi en altitude. Par ailleurs, les expositions de plusieurs heures à l’altitude peuvent troubler la qualité du sommeil ou altérer les défenses immunitaires ce qui rend la récupération difficile en période de grosse charge de travail.

Quelle type de préparation préconises-tu pour réaliser un camp d’entraînement en altitude dans les meilleures conditions et bénéficier au maximum des ses effets bénéfices ?

A titre personnel, j’ai une préférence pour la réalisation des séances d’entraînement en altitude tout en conservant la récupération et les nuits en plaine. Pour moi, la phase de récupération est essentielle et je ne suis pas partisan d’une exposition à l’altitude durant cette phase. Il faut donc trouver une logistique qui permette de faire des séances en altitude tout en revenant rapidement à basse altitude pour récupérer ou alors opter pour des séances en altitude simulée (hypoxie) que l’athlète peut réaliser dans des conditions proches de son environnement habituel. Ensuite, il faudra faire particulièrement attention aux intensités/durées de travail utilisées pour les séances en altitude/hypoxie. Nos travaux réalisés à Strasbourg suggèrent que l’intensité correspondant au « seuil » sur des durées comprises entre 12 et 20 min est bénéfique. Il reste cependant à déterminer si cette combinaison intensité/durée est optimale ou pas. Enfin comme pour toute période de charge de travail élevée, il faut garder à l’esprit que l’altitude agit comme un stimulus supplémentaire auquel l’organisme des athlètes doit s’adapter. Par conséquent, l’entraîneur doit être particulièrement attentif au retour subjectif des athlètes, à leur niveau d’hydratation. Je préconiserais également un bilan sanguin complet insistant notamment sur les paramètres hématologiques et sur le métabolisme du fer.

Pour finir, tu conseillerais ce type d’entraînement pour des compétiteurs qui ne font pas du haut niveau ?

A partir du moment où les sportifs sont motivés pour améliorer leurs performances et passionnés d’entraînement, ils sont en général friands de toute nouvelle approche qui leur permettrait de progresser. A ce titre, je ne vois pas pourquoi les sportifs réguliers mais qui ne pratiquent pas à haut niveau ne pourraient pas tirer profit de séances réalisées en altitude. Le pré-requis, à mon sens, est que les sportifs qui souhaitent s’entraîner en altitude soient déjà bien entraînés auparavant. L’altitude n’est pas magique, elle ne propulsera pas un athlète du niveau départemental vers le niveau international. Par contre, à bon niveau, elle peut déjà devenir un allié déterminant.

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